Perte de sens au travail, manque de compréhension du pourquoi de notre mission et absence de mise en perspective de nos tâches, voici comment se résume le brown-out, nouveau fléau qui se développe au sein des entreprises de tous secteurs.

Sommaire

    Beaucoup moins connu que le burn-out, qui mène à un état d’épuisement physique, mental et émotionnel résultant d’une situation de travail trop exigeante ou que le bore-out qui traduit un ennui profond dû à une sous-charge de travail, un nouveau danger guette les DRH : le brown-out. 

    Ce qu’il faut retenir

    • Le Brown-out est un syndrome du mal-être au travail récent mais qui s’amplifie. 
    • Il est en grande partie dû à un déséquilibre entre les compétences du salarié et les tâches confiées.
    • Il traduit une absence de sens à son travail.
    • Les manifestations sont autant physiques que psychiques ou psychologiques.
    • Il ne faut surtout pas hésiter à se faire aider.

    Le brown-out : la perte de sens au travail 

    Emprunté à l’anglais pour désigner une baisse volontaire ou involontaire de l’intensité du courant pour éviter la surchauffe des appareils électriques, le brown-out se traduit par une baisse de l’engagement d’un salarié due à une perte de sens au travail.

    Les personnes se mettent alors à travailler sans réellement se préoccuper de la qualité de ce qu’elles produisent et démissionnent mentalement de leur poste.

    Cette nouvelle forme de mal-être psychologique a été évoquée pour la première fois en 2013 par l’anthropologue américain David Graeber sous le prisme des « bullshits jobs ».

    L’Ipsos a d’ailleurs réalisé une étude en 2016 sur 824 travailleurs français qui met en évidence que seulement 34% des personnes interrogées estiment que leur entreprise les reconnaît et valorise leur travail, contre 56% sur une étude au niveau mondial. Plus d’un travailleur sur trois, en France, reconnaît ne pas être motivé par son travail.

    Bien que le brown-out se manifeste de façon moins violente que le burn-out, il touche davantage de personnes et pourrait continuer à se multiplier dans les années à venir.

    En effet, le brown-out serait une conséquence directe de l’innovation et des nouvelles technologies qui multiplient les métiers sans intérêt « bullshit job » où le travailleur réalise une série de tâches absurdes dont il sait pertinemment qu’elles ne représentent que peu d’intérêt et comme pour toute souffrance au travail, il risque de tomber dans un état dépressif, allant du découragement à la dépression.

    Des conséquences physiques, psychologiques et psychiques

    Ce ras-le-bol radical ne doit pas être confondu avec un petit coup de mou surtout qu’il est moins visible mais plus insidieux que ses 2 cousins le burn-out ou le bore-out. Il n’affecte pas seulement votre carrière mais votre vie entière.

    Comme pour le Bore-out, il n’existe pas de définition officielle des symptômes du Brown-out. Néanmoins, nous pouvons tout de même les classer suivant 5 catégories :

    Des manifestations émotionnelles

    La sensation de perte de sens, de désillusion et de déception du monde du travail crée des tensions nerveuses, un manque d’entrain certain et une profonde tristesse intérieure que rien ne soulage. Irritabilité,  hypersensibilité ou au contraire absence totale d’émotion peuvent compléter ces symptômes.

    Des manifestations physiques 

    Tout comme le burn-out ou le bore-out, les troubles du sommeil sont courants car notre esprit passe son temps à cogiter inutilement entraînant fatigue chronique, tensions musculaires, céphalées, vertiges, nausées...

    Des manifestations comportementales  

    La personne victime de brown-out a globalement tendance à procrastiner, se replier sur soi et se couper du monde voire développer des comportements antisociaux dus à la disparition progressive de sa patience et de sa tolérance. Dans les cas extrême, il peut développer des addictions comme le tabac, l’alcool, les médicaments ou la drogue.

    Des manifestations motivationnelles 

    Conséquence directe des manifestations précédentes et d’un moral au plus bas, l’individu se désengage totalement de son travail. Cette perte de motivation a donc un effet sur la qualité du travail et sur l’efficacité du salarié. Véritable cercle vicieux, cette situation renforce alors son sentiment d’incompétence et par voie de conséquence sa perte de motivation.   

    Des manifestations cognitives  

    Avec l’installation de ce sentiment d’inutilité au travail, la disparition du sentiment d’utilité ou de finalité de ses missions, la perte de sens globale au travail s’installe irrémédiablement un manque d’attention et de concentration mais également un sentiment de honte en évoquant son emploi.

    Des causes variées à ne pas sous-estimer

    Ce syndrome étant récent, il reste compliqué d’avoir des statistiques précises sur les origines du brown-out qui manifeste un appel à l’aide de votre corps. 

    Des tâches jugées ingrates

    En première ligne des personnes les plus sujettes au brown-out, nous retrouvons les jeunes actifs qui arrivent hyper-diplômés et surqualifiés dans leur premier emploi. Les tâches confiées ne leur semblent alors pas à la hauteur de leurs compétences, voire être ingrates. Ajoutons à cela un environnement de travail souvent pesant et une direction dont la reconnaissance n’est pas le point fort et nous obtenons la sensation de se tuer à la tâche pour rien.

    Un fossé entre ses valeurs et ses tâches quotidiennes

    Quand on ressent le sentiment de ne pas être dans sa zone de talent ni à sa place dans son entreprise, la fonction aussi élevée soit-elle et le salaire ne suffisent plus à l’épanouissement professionnel. Un fossé se creuse alors ne permettant plus de répondre à ses besoins de développement personnel. 

    Une erreur d’aiguillage

    Un autre cas de figure classique qui peut provoquer le brown-out, c’est l’erreur d’orientation lors de ses études supérieures. En d’autres termes vous occupez un poste pour lequel vous n’êtes tout simplement pas fait. Cette erreur de casting fait alors ressentir de l’incohérence dans sa vie professionnelle et la sensation de ne pas exploiter pleinement son potentiel.

    Des entreprises déshumanisées

    Avec le développement rapide des nouvelles technologies, les entreprises ne cessent d’évoluer pour s’adapter entraînant avec elle une perte de repères dans la structure même de l’entreprise. Cela est d’autant plus vrai dans les grands groupes où l’employé n’est plus qu’un maillon dans la chaîne de production. Avec des objectifs de plus en plus fragmentés et des tâches parcellaires, le salarié n’arrive plus à percevoir l’intérêt et la finalité de sa tâche.

    • Catégories :
    • Mal-être / bien-être au travail
    Article mis à jour le 15/03/2024
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